Revue de presse Années en parenthèses

 


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ARTICLES :


Article de Jean-Michel Frodon sur Années en parenthèses 2020-2022 d’Hejer Charf

«  C'était… c'était un poème filmé, étonnamment vivant quand la mort le traverse et le scande. (…) Hejer Charf monte ensemble archives et enregistrement sur le vif. Histoires singulières et mouvements collectifs.(…) Hejer Charf porte son regard, son écoute, ailleurs que là où s'orientaient les grands médias en ces temps de crise mondialisée. C'est plein de musiques, de chansons, de rires. Ils ne sont pas l'opposé de la colère et de la tristesse, ils en sont les irrigations et les reliefs. Le film dessine cette géographie. Le temps y jouait déjà de l'accordéon, rapprochant et éloignant des instants d'avant, de juste avant, de maintenant. (…) C'était un film pour ce qui était arrivé, devenu à sa manière improbable et légitime un film pour ce qui arrive. »  Jean-Michel Frodon, Slate.fr, octobre 2023.



« L’idée de la documentaliste, plasticienne et productrice Hejer Charf est ingénieuse : pendant le confinement lié à la pandémie de Covid-19, coincée chez elle à Montréal, elle a demandé à des connaissances de lui envoyer un message sous forme de leur choix […] le film, par sa nature même de collage, aurait autant sa place comme installation dans une galerie ou un musée que dans une salle de cinéma.» 

Yann Tobin, revue Positif, octobre 2023.



« Au moins le confinement a peut-être modifié notre façon de voir et, qui sait, il y a là une chance (minime) de progrès.» L’OBS

24 octobre 2023



« On se laisse emporter avec un mélange de jubilation et de désir de révolte par ce flot d’énergie et de force inspirantes, ce collage politique et contemporain qui est probablement l’un des plus inspirés films de confinement qu’il nous ait été donné de voir, et qui a l’élégance de se conclure si joliment par une citation de Jean-Luc Godard : « J’ai dit que j’aime, voilà la promesse » par Marie-Pauline Mollaret, ECRAN NOIR, 25 octobre 2023



« Il est difficile de saisir tous les courants et les idées qui traversent le film, tant sa matière est riche. Difficile également de choisir quoi ou qui citer, tant chaque extrait donné à voir, chaque voix et personne entendue traduit une histoire complexe, dépeignant un monde qui l’est tout autant. (…) . La possibilité d’une révolution relie chaque image et témoignage entre eux. Le montage dynamique du film permet d’engendrer à l’écran cette tension révolutionnaire. », Tess Noonan, Maze, 31 octobre 2023



« Ils sont rares les documentaires qui m’émeuvent jusqu’aux larmes. [A]nnées en parenthèses 2020-2022 de la réalisatrice canadienne d’origine tunisienne Hejer Charf est de ceux-là.»  Nausica Zaballos-Dey, Cinéscribe, 18 octobre 2023



« Il y a trois des  ans, le Covid-19 bousculait nos vies, La réalisatrice canadienne Hejer Charf, confinée à Montréal, a rassemblé des témoignages (plus d’une cinquantaine), images, sons, voix, âges, paysages, objets de ces deux « années en parenthèses ». En ressort un patchwork inédit, politique, prolifique, venu d’ici et d’ailleurs. Mélancolique aussi. Un regard dans le rétro nécessaires et ultra poétique.» E A, Première, novembre 2023



« Toutes et tous sont incroyablement vivants, parce qu’ancrés dans une mémoire collective qui encourage le combat. La réalisatrice a une façon particulière de les replacer parmi nous. La magie de l’art opère. (…) La culture orientale aussi.

Le propos politique, jamais très loin, intimement mêlé à la poésie donne à ce très beau documentaire une énergie positive où tous les espoirs restent permis. » Daniel Pinos et Mireille Mercier, Le Monde Libertaire, 5 novembre 2023



« Un chant humain multiple et vivifiant. » Bénédicte Prot, Culturopoing, 25 septembre 2023.



« Une remontée dans la profondeur du présent, à contretemps et à contrepoint. (…) Hejer Charf investit l’espace des images d’une manière intempestive, en poussant le montage à contrepoint aux confins, pour en tirer des agencements mémoriels qui remuent le spectateur et le font réfléchir et agir. Elle organise notre pessimisme. Selon Benjamin, organiser le pessimisme signifie, dans l'espace de la conduite politique, découvrir un espace d’images. » Nadia Haddaoui, Le Club Mediapart, 28 octobre 2023.



« Années En Parenthèses de Hejer Charf ou les mots pour dire la pandémie et raconter le monde contraint de s’adapter et d’envisager un autre monde. Un film à découvrir. » Sabine Vaillant, Couleur Bulle, 3 décembre 2023.




Article de Jean-Pierre Carrier sur le film : « Hejer Charf nous livre « son » confinement, dans un film tout à la fois poétique, politique et philosophique. (…) Un film d’une richesse culturelle étonnante, par le nombre de références et de citations, mais surtout par sa profondeur de pensée. Un film qui est un essai donc, c’est-à-dire un film qui pense. Et c’est peu dire qu’il fait penser. Exigeant certes. Mais qui sait allier le plaisir et la rigueur. Et l’émotion est au rendez-vous. Oui, il s’agit bien de cinéma. », 25 septembre 2023.



"La pandémie a rendu la colère visible" : la réalisatrice Hejer Charf présente son documentaire à Montargis


LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE

22 novembre 2023



Selon Jean-Michel Frodon, Années en parenthèses 2020-2022 d'Hejer Charf est parmi les films 2023 à voir ou à revoir.

« Voici le moment de rappeler, en toute subjectivité assumée, ceux qui, parmi ces quelque 400 que j'ai vus, m'ont touché, impressionné, ému et fait réfléchir du 1er janvier au 31 décembre.» Slate, 26 décembre 2023





























ENTRETIENS :




















Entretien d’Hejer Charf avec Grégory Bernard à l’émission Panorama sur Radio Canada Vancouver, 7 mai 2024.


Hejer Charf avec le journaliste de TV5, Patrice Férus, 25 octobre 2023.


Entretien d'Hejer pour Radio Soleil , 25 octobre 2023.


«  On a beaucoup commenté la pandémie de Covid-19 et ses conséquences, mais on ne l’a pas toujours pensée. 

C’est ce que fait Hejer Charf dans (A)nnées en parenthèses 2020-2022. » 

Un grand entretien d’Hejer Charf à JEUNE AFRIQUE par Mabrouck Rachedi, 26 octobre 2023



« La caméra d’Hejer Charf documente des moments humains poignants. Le film Années en parenthèses 2020-2022 présente des images de la vie humaine de la période du confinement, mêlées à des informations internationales et à des extraits de films, d'œuvres littéraires et de poésie, pour examiner l'état de notre monde … » 

Hejer Charf était l’invitée de MICHA KHALIL dans son émission Marassi à Radio Monte Carlo doualiya, 1er novembre 2023.



« Le Festival International du Cinéma Indépendant de  Casablanca, Maroc, se prépare à accueillir une sélection de films des plus captivants, parmi lesquels brille  Années en parenthèses 2020-2022 de Hejer Charf. Prévu pour être projeté le lundi 22 avril à 18h30 à l'American Art Center de Casablanca, ce film promet une plongée profonde dans les méandres des années tumultueuses qui ont secoué le monde.» Neïla Driss, Webdo.tn , 15 avril 2024.



Screenarabia.com (en arabe), 18 avril 2024



ENTRETIEN AVEC SYLVIE BRAIBANT

3 septembre 2023

Un voyage immobile en forme de symphonie poétique et politique « Années en parenthèses 2020-2022 », de Hejer Charf

 

Sylvie Braibant : Plus que vos autres films, celui-ci n’est-il pas une déambulation politique, poétique et esthétique ?

 

Hejer Charf : Pour moi, poétique et politique sont intimement liés. C’est par le poétique que j’essaye de dire le politique, avec pour référence première, Pier Paolo Pasolini : « dire le politique avec les armes de la poésie ». Il ne s’agit pas de faire des films en forme de tracts ou de slogans. C’est par la poésie et ce qu’elle comporte en elle de concision, de charge indirecte, que l’on peut dire le politique. Bien sûr que je suis une citoyenne engagée mais quand je fais du cinéma, mes idées ne préexistent pas au film. C’est le cinéma et lui seul qui dicte le film. C’est par la poésie, par une recherche formelle esthétique que j’essaye de faire de chaque film une proposition de cinéma.

 

SB - Pour prolonger cette réflexion sur l’esthétique et le cinéma, plusieurs mots surgissent lorsque ces « Années en parenthèses » se referment : kaléidoscope, patchwork, mosaïque, pluriel, polysémie, polyglotte…

 

Hejer Charf - Tous ces mots décrivent le film ! C’est effectivement un patchwork, une série de portraits… Le défi est arrivé avec le montage. Il fallait éviter de rester dans le linéaire, dans un formatage. La cohabitation et la coexistence de nos pluralités ont surgi avec le montage, au moment de réunir, d’enchaîner ces participations envoyées du monde entier. Comment les mettre ensemble ? Comment ne pas faire oublier que nous sommes cette polysémie, ce patchwork, et que nous existons dans cette hétérogénéité. Je me suis inspirée du cinéaste Artavazd Pelechian, orfèvre de l’association des images et sons, théoricien du « montage à distance ». Pour lui, quand deux plans se ressemblent, il faut les décoller et y insérer autre chose, afin de parvenir à un « montage à contrepoint, circulaire ». Godard aussi dit que deux plans doivent être distants, et c’est leur association par le montage qui leur donne leur force. 1 + 1 = 3 – un plan + un plan aboutissent à une troisième image. Chris Marker est aussi très présent dans mon film au montage.

Quand je regarde un film, ce que je vois d’abord, c’est le montage.

 

SB - La texture du film vient aussi de ces images issues de sources si différentes : caméra, téléphone portable, zoom, archives, photos – le virus et le confinement ont-t-ils imposé cette forme ?

 

Hejer Charf - Quand j’étais coincée à Montréal, avec un confinement très sévère, j’ai réfléchi à « que faire ? » et « comment faire ? ». Contrairement à des proches qui pouvaient continuer à peindre ou à écrire, j’ai réalisé à quel point, avec le cinéma, on dépendait des autres, de celui ou celle que je ne pouvais plus filmer par exemple. Et même pour aller filmer des paysages, des rues, c’était très compliqué – j’ai quand même réussi à le faire... Alors j’ai demandé à beaucoup de gens de m’envoyer des images, tout ce qu’ils voulaient, muettes ou sonores, c’était comme si j’envoyais une bouteille à la mer. Et beaucoup ont répondu ! Par défi, et par respect, j’ai tout pris, tout ce qui m’a été envoyé. J’ai reçu des vidéos, des images prises par leurs cellulaires, des sons, et j’ai tout mis ensemble. J’ai tout intégré dans le film, je n’ai rien rejeté. Et j’ai conjugué tout cela avec mes images et mes sons à moi. D’une certaine manière cela m’a libérée de cette dépendance à toujours filmer les autres. J’ai redonné à celles et ceux que je filme d’habitude le pouvoir sur leurs images. Cela donne un autre rapport au cinéma, même si j’interviens après, avec le montage.

Nous étions confinés et pourtant le monde était en ébullition avec des mouvements partout comme « Black Lives Matter », l’accentuation des inégalités sociales. Alors puisque je ne pouvais pas aller vers le monde, j’ai fait venir le monde à moi. C’était très satisfaisant. Quand j’ai commencé à recevoir toutes ces images et sons, c’était comme si je voyageais. Je ne tenais pas compte de la « qualité » des images. C’est seulement après que le travail technique est intervenu sur les images et les sons pour obtenir une qualité « cinématographique ».

 

SB - La vie et la mort se croisent sans cesse au cours de ces années entre parenthèses…

 

Hejer Charf - C’est la pandémie, celle où les gens se battent tellement pour la vie. C’est cela aussi le cinéma, c’est raconter le péril et ce qui sauve comme dit Hölderlin. J’aime filmer le réel, mais aussi aller au-delà du réel. D’ailleurs, dans tout ce que j’ai reçu, il y avait peu de choses très pessimistes. Ils et elles, dans cet exercice de création, cherchaient et révélaient le positif au cœur de la pandémie.

 

SB - Il y a aussi dans ce film une déclaration d’amour au cinéma...

 

Hejer Charf - C’est que le cinéma me manquait ! Même ce cinéma « artisanal » que je pratique où je fais presque tout moi-même… Le cinéma l’emporte toujours ! J’essaye que chaque film que je monte soit une ‘’proposition’’ de cinéma, de « l’art et essai » non formaté.

 

SB - D’un film à l’autre, dans votre œuvre, on retrouve en fil conducteur une réflexion sur le récit écrit par les dominants de l’histoire des dominés… En témoignent encore ces « Années en parenthèse »…

 

Hejer Charf - L’histoire du cinéma est écrite par les vainqueurs, par des Blancs, surtout des hommes, elle est sous-tendue par des réflexions hétéro-normatives. Aujourd’hui des tentatives sont menées pour déconstruire ce récit. Ainsi, je tisse mon propre récit, pas seulement parce que je suis arabe ou immigrée, mais je veux intégrer les marginalisés, les femmes. Les réalisatrices américaines Kelly Reichardt ou Nina Menkes mènent un travail formidable en ce sens. C’est important pour moi d’écrire et réaliser des films en tant que femme, arabe, canadienne immigrée, et ainsi de déconstruire l’esthétique et le récit dominants. Je ne sais pas comment va être écrite au cinéma l’histoire de l’épidémie du Covid 19… Mais jusque là, elle a été gérée par les « nantis ». Il suffit de regarder comment les vaccins ont été répartis dans le monde, par exemple entre mes deux pays : la surabondance au Canada, la pénurie en Tunisie… Quand je me suis engagée dans le film, je pensais au sens premier de « pandemos » : « qui concerne tous les peuples », « common to all the people »…

 

SB - Dans « Les années en parenthèse », Richard, dessinateur et sans domicile, incarne cette « distanciation sociale », exigence imposée à tous par la pandémie, alors qu’elle existait déjà, invisible…

 

Hejer Charf - Richard, je le connaissais… Je le croisais chaque fois que je sortais. Il se mettait à l’abri, près d’un mur d’où sortait de l’air chaud. Des gens du quartier avaient l’habitude de lui apporter des crayons. Et lui, la « distanciation sociale », il la vit depuis toujours… La plupart des personnes ne le regardent pas, ne s’approchent pas. Richard est un « itinérant », comme on dit ici. Il est un marginal révélateur de cette société, ici comme partout, qui creuse les inégalités. Je l’ai filmé et une grande confiance s’est établie entre nous…

 

SB - Comment êtes-vous sortie de ce voyage ?

 

Hejer Charf - Un voyage, oui mais un voyage immobile. Et qui m’a beaucoup apporté. Le montage m’a permis de me déconfiner, même virtuellement… Même si on ferme toutes les frontières, on peut continuer à parcourir et écouter le monde.



Années en parenthèses 2020-2022 d’Hejer Charf sera à l'affiche du 23 AU 28 NOVEMBRE À L’ALTICINÉ À MONTARGIS proposé par les Cramés de la bobine et la journaliste Sylvie Braibant. 

Hejer présentera le film et discutera avec le public le lundi 27 novembre à 20h30.

« La pandémie a rendu la colère visible»

https://www.larep.fr/montargis-45200/loisirs/la-pandemie-a-rendu-la-colere-visible-la-realisatrice-hejer-charf-presente-son-documentaire-a-montargis_14408745/