Les Passeurs




Vision artistique
Le Canada, le Québec, Montréal, le boulevard Saint-Laurent ont ceci en commun: 
LA DIVERSITÉ.
Une diversité émouvante et souvent ou parfois malaisée.
Une urgence de communicabilité et aussi une intention poétique me fait succomber à la tentation «insolite» de marcher dans la rue, de prendre deux personnes au hasard et de leur demander: « Que connais-tu de l'autre?»
Ulysse, Maya, Adam, Barbara et Thomas: les personnages fictifs du film (les acteurs) sont tous nés à Montréal. Ils sont reconnaissables comme des gens d'ici.
L'unité de cette appartenance est éclatée par l'éclosion de leur regard et l'éveil de leur écoute. Ils marchent vers une différence. Cette différence prendra alors, un visage familier.
«N'oubliez pas de vous interroger …voilà votre vie… cet homme que vous voyez dans le film, ce n'est pas un héros, c'est vous, un gars simple, un homme de tous les jours» disait le cinéaste québécois Gilles Groulx
dont le cinéma est une équation juste: un individu, une réalité, et un ton résolument poétique.
La marche fictive des passeurs est parsemée de personnes réelles qui parlent dans leurs propres mots et gestes.
Clémence Brodeur suit Ulysse, l'interpelle et lui raconte son histoire. Clémence Brodeur est réellement la septième fille d'une famille de sept filles et son entourage croit vraiment en ses dons particuliers et magiques…
Le fictif du film se construit et se développe à travers le réel.
Le fictif a une emprise sur ce même réel. Il le montre. Il le fait exister. Il le met en scène.
«Je n'ai pas le sentiment de faire une différence entre la vie et la création» dit Jean-Luc Godard.
Les passeurs créent un espace pour la parole de l'autre.
Les passeurs sont en marche vers une troisième voie. La voie du dialogue.
La troisième voie est le réel mêlé et supporté par le fictif.
Les acteurs marchent et marchent encore et toujours sur le boulevard Saint-Laurent.
C'est un «road movie» ou le trajet s'étend sur quelques blocs de la rue Milton à la rue Marianne mais la route est longue.
La route des passeurs est formée de ces corps et de ces visages réels qu'ils croisent, de ces différences qu'ils traversent …les acteurs savent que «Quelque part sur le chemin on me tendrait la perle rare.» disait Jack Kerouac.

«Des films pétris de réalité et ouverts sur l'abstraction.» disait Pier Paolo Pasolini.

Synopsis court :

Ulysse, Maya, Adam, Barbara et Thomas sont des personnages fictifs qui vont à la rencontre de personnes réelles et plurielles. Un conte urbain puisé dans la vie de tous les jours à Montréal au rythme de toutes les langues.Les Passeurs est une histoire de frontières et de leur éclatement. La fiction et la réalité. Nous et l’autre.





Synopsis long :

LES PASSEURS est une histoire fictive qui se construit et se tisse avec des histoires vraies, puisées de notre vie de tous les jours. La fiction bercée par la réalité. Un conte urbain. Il était une fois à Montréal: Ulysse, Maya, Adam, Barbara et Thomas. Ils sont les personnages fictifs du film. Ils sont les passeurs. Des passeurs de paroles plurielles et de regards multiples. De la différence.Les Passeurs marchent sur le boulevard Saint-Laurent. Leur route devient les visages et les corps qu'ils croisent et les diversités qu'ils traversent : un Innu Montagnais à la peau noire, une femme voilée, une jeune Cri au teint clair, un couple hassidique, un rappeur, une femme âgée, une jeune fille, un enfant.
La marche des passeurs se fait au rythme de toutes les langues : portugais, japonais, persan, français, espagnol, anglais arabe et hébreu mêlés.
Les Passeurs sont dans la forêt. Ils regardent et écoutent parler un jeune autochtone et un jeune Québécois. Le rapprochement des origines pour une humanité possible. «Innu veut dire humain» dit le jeune Montagnais.
Les Passeurs continuent de marcher sur le boulevard Saint-Laurent. Leur vie se transforme au contact de l'autre. Cet autre si familier et si proche.
Les Passeurs est une histoire de frontières et de leur éclatement. La fiction et la réalité. Nous et l'étranger. Il était une fois Montréal diverse et émouvante.
Les Passeurs sont assis dans un temple hindou. Ils regardent et écoutent parler une jeune fille d'origine indienne et un jeune homme d'origine laotienne. Ils parlent de leur appartenance au pays quand l'identité est cosmopolite. «Je suis Québécois mais mon physique me trahit en quelque sorte.» dit le jeune homme.


 

les passeurs eng.


LES PASSEURS est écrit et réalisé par Hejer Charf.

LE FILM A REÇU LE SCEAU DE LA PAIX DE LA VILLE DE FLORENCE EN OCTOBRE 2003 DANS LE CADRE DE LA 25e ÉDITION DES FILMS DE FEMMES DE FLORENCE EN ITALIE OÙ HEJER CHARF ÉTAIT L’INVITÉE D’HONNEUR.

LES PASSEURS EST FRÉQUEMMENT PROJETÉ ET ÉTUDIÉ DANS PLUSIEURS UNIVERSITÉS DANS LE MONDE.

Je te parlerai de sa

chevelure

Puis je te dirai son

visage

Les Mille et Une Nuits 



    LES PASSEURS

Docufiction, 80 min, Canada 2003

Langue original : français

Ratio : 1,85

Dolby Surround : 5.1

Copie projection : 35 mm


Acteurs:

CHRISTIAN MARTINEAU,
NAOMI JASON,
ANNIE CLAUDINE TREMBLAY,
WOODSON LOUIS,
VINCENT LARIVIERE
BARBARA ULRICH

Intervenants:

GEETA ANGELI THAKUR

LAMPHONE PHONEVILAY

MAISSA MAREI
GERTRUDE PILOTE

DANNICK DUSCHESNE

JONATHAN HAROU

----

Produit par
NADJA PRODUCTIONS INC., HEJER CHARF.

Assistante sur le film: NADINE LTAIF

Image : MARTIN F. LEBLANC

Montage Image et Son : FERNAND BÉLANGER

Son : DIANE CARRIÈRE

Investisseurs privés sur le film:


                                       EMS HOLDING VANCOUVER

WEE-TOTE ENTERPRISES VANCOUVER
QUICKSILVER

EXPRESS   QUÉBEC
QUICKSILVER EXPRESS

TORONTO QUICKSILVER EXPRESS

Ce film a été produit grâce l'Aide au cinéma indépendant (Canada) ACIC de l'Office national du film du Canada (MONIQUE LÉTOURNEAU).

Revue de Presse


Ode à la diversité
Il y a de beaux moments dans Les Passeurs, un «road movie» dans lequel les protagonistes effectuent un trajet d'à peine... quelques coins de rue!
La réalisatrice québécoise d'origine tunisienne Hejer Charf donne en effet la parole à des Montréalais de toutes origines, rencontrés au gré d'une promenade effectuée par cinq adolescents sur le boulevard Saint-Laurent, entre Milton et Marianne.
Cette approche donne lieu à d'intéressants échanges entre gens d'ici et d'ailleurs, les témoignages étant teintés d'une authenticité qui ne pourrait s'inventer autrement. On soulignera aussi au passage la présence lumineuse de l'actrice Barbara Ulrich, révélée par Le Chat dans le sac de Gilles Groulx qui, quelques décennies après son arrivée au pays, parle de son parcours.

Marc-André Lussier, La Presse, samedi 2 avril 2005

Bien plus qu'une artère commerciale ou le sanctuaire à ciel ouvert des branchés, le boulevard Saint-Laurent représente ce que Montréal a de meilleur, et de pire, à offrir: une faune excentrique, une architecture bigarrée, une grande richesse culturelle, bien des petites misères, et des badauds souvent trop pressés pour s'en désoler. Pourtant, c'est là qu'Ulysse, un des cinq personnages «fictifs» du documentaire Les Passeurs, y aurait appris «la lenteur et la contemplation», preuve que la Main n'en est pas à sa première conversion.
Lorsqu'ils acceptent de se prêter au jeu de l'écoute attentive, avec souvent des éclairs de fascination, ou d'interrogation, dans les yeux,  le film prend alors sa pleine mesure, donnant la parole, dans une suite de tableaux parfois très brefs, à des gens dont le parcours surprend à tout coup : un Québécois d'origine haitienne ayant grandi dans une communauté innue; un Amérindien passionné de musique et encore marqué par la toxicomanie; une jeune fille aux traits indiens capable d'apprécier tout autant les danses du pays de ses parents que les chansons d'Éric Lapointe, au grand étonnement de ses camarades "de souches"... ces tranches de vie, souvent allusives et fragmentaires, se supperposent pour composer une éclatante mosaique de couleurs et de sonorités, illustrant parfaitement cette diversité qui fait la fierté de cette ville.

André Lavoie, Le Devoir, 2 avril 2005

Les Passeurs expresses all these issues of alienation, integration and identity through the fictional characters Ulysse, Adam, Barbara and Thomas who stroll along the Boulevard St.-Laurent,  attending to the stories of the real people they meet.  These passersby, and also the main characters,  state their sense of belonging to the city, while also adhering to their underlying ethnicity: its culture, community, belief system, family and language.   "Les passeurs" arrive at dialogue and at a reconciliation of their origins with the French-speaking urban context in which they find themselves. And the persons in this film  seem to come to a more perfect understanding of each other's situation. 

Les Passeurs is a virtual hymn to story-telling. Janis L. Pallister,  Ph.D., L.D.
Bowling Green State University
THE FRENCH REVIEW, April 2006, ETATS-UNIS

Emblématique de cette tendance qui peut être désignée par le terme passing, c'est l'opera de la réalisatrice-documentariste, intitulée justement les Passeurs, ceux qui passent, non seulement comme passants qui traversent les rues de Montréal, mais surtout comme ceux qui dépassent les frontières physiques, les frontières politiques et non seulement les barrières culturelles à la recherche continue des comparaisons et des interactions. Voilà les visages et les histoires des jeunes, des hommes et des femmes, dans l'univers cosmopolitain d'une «Montréal ville ouverte ». Un vrai tour du monde en quatre-vingt minutes qui nous fait croire possible une convivialité toujours plus souvent niée dans les intolérances quotidiennes.

MONICA ZANCHI - FEDERATIONE ITALIANA DEI CINEMA D'ESSAI-, 2003

Hejer Charf a reçu ex aequo le Sceau de la paix, médaille florentine du XVIe siècle représentant une colombe. Ce prix a été créé dans le cadre du «Projet Femme» de l'adjointe de l'instruction publique de Florence en collaboration avec les Rencontres internationales du cinéma des femmes». «Les Passeurs» est l'histoire de personnages d'origine diverse racontant leur appartenance à un pays cosmopolite.

ARTICLE PARU DANS IL MANIFESTO LE 14 OCTOBRE 2003

Le film qui met le mieux en scène la tendance du passing est LES PASSEURS d'Hejer Charf, témoignage plein d'allant, presque joyeux du multiculturalisme canadien à son meilleur. Une jeune artiste qui est également productrice, d'origine tunisienne, fait miroiter les 1000 manières d’etre aujourd'hui citoyen du Québec.
Comunicato stampaIl primo film di Hejer Charf Les passeurs propone un catalogo di contaminazioni e attraversamenti disegnando ritratti realistici, affettuosi e ironici dei tipi umani che frequentano una strada canadese multietnica e globale.


MARA NOVELLI Ufficio Stampa
Firenze, 2003


Article paru dans le Collectif

Abécédaire insolite des francophonies

Les Presses Universitaire de Bordeaux

Les Passeurs : Voyages à travers l’interculturel québécois

Le long-métrage, Les Passeurs (2003), de Hejer Charf propose autant de parallèles utiles avec l’œuvre fondatrice d’Homère que de contrastes révélateurs. Cette allégorie aux dimensions homériques dans l’Amérique du XXIe siècle, se construit autour d’un certain Ulysse montréalais, cinéaste en herbe nourrissant le projet d’enquêter sur l’identité québécoise. Or, alors que le guerrier d’Homère est envoyé malgré lui dans des contrées lointaines, c’est le grand monde qui vient jusqu’au héros de Charf, lui permettant d’effectuer un voyage intérieur pour répondre à ses questions : sur quoi s’appuie l’appartenance dans des sociétés à fort taux d’immigration ? Le vocable « étranger » a-t-il un sens dans le monde actuel ? Quel rôle la langue joue-t-elle dans l’imaginaire et dans la construction identitaire ? Sa quête le conduira à interroger, à travers l’objectif inquisiteur de Charf, une vingtaine de personnes abordées sur le boulevard Saint-Laurent, grande artère des entrées et des échanges dans la ville de Montréal. Si l’Ulysse homérien maniait la ruse et la force pour échapper à l’ennemi, voire neutraliser ses dangers, celui des Passeurs fait preuve de patience sensible et d’une écoute attentionnée afin de mieux réfléchir au sens profond de ce « je [qui] est un autre ».

Loin des clichés et des nationalismes, le Québec vu par la cinéaste s’affiche dans toute sa diversité et dans des proportions qui reflètent le profil ethnique des flux migratoires au Canada depuis les années 1990. Chinois, Laotien, Indien, Haïtien, Égyptien, Amérindien, Métis : les Québécois rencontrés en 2002 partagent l’espoir des lendemains meilleurs, grâce au « contrat moral » d’intégration mis en œuvre par le gouvernement du Premier Ministre du Québec, Robert Bourassa (1985-1994). L’exemple de l’un des « figurants » du film, le peintre chinois Pierre Ru Liang Zhou, est à retenir en ce sens, ce dernier étant arrivé au Québec avant que l’intégration des immigrants ne devienne un mot d’ordre du gouvernement, un fait que trahit son ignorance de la langue française.

MOLLY GROGAN LYNCH

Étude complète : https://books.openedition.org/pub/3566?fbclid=IwAR02mvxJCl_CxMiJvA_UJvEXf1qNpk6S0sDkp8heqoya2CaPpfp2i1YASZo


Hejer Charf a donné plusieurs entrevues pour la radio et la télévision :

Écoutez  quelques interviews :

-Porte ouverte (Radio-Canada)
http://src.ca/radio/porteouverte/rencontres/51202.shtml

avec Raymond Cloutier
5 avril 2005


-Radio-Canada International
avec Nosrat Haouari
RCI: Fréquence culture
Hejer Charf et Nadine Ltaif
www.rcinet.ca/rci/fr/emissions/emission_1351.shtml - 22k - 13 avr 2005 –


-Radio-UQAM
http://web.choq.fm/
avec Martin Gignac
24 mars 2005

-CKUT 90.3 FM
avec David J. Cox
(en anglais)
4 avril 2005

Entrevue  d’Hejer Charf avec Nadine Ltaif, Sisyphe, 2 mars 2012